Êtes-vous vraiment recruteur ?

« Le sourcing, je n’ai pas le temps d’en faire : c’est chronophage »

Je ne peux même plus compter le nombre de fois que j’ai entendu cette phrase. J’ai mis beaucoup beaucoup de temps à comprendre cette réplique. J’ai fini par comprendre : quand quelqu’un pose cette question, ce qu’il dit en sous-texte c’est « le recrutement ce n’est pas mon métier ». Je m’explique.

Le recrutement : vilain petit canard de la RH

En fait, le recrutement est une discipline très singulière parmi les autres disciplines de la RH. En effet, la gestion de la paie, de la formation, le droit du travail, la GPEC, etc sont généralement des sujets très administratifs. Ils attirent donc logiquement des profils qui ont cette affinité avec le côté administratif et les procédures.

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Alors que le recrutement est une discipline qui exige des qualités de contact, de vente/séduction, d’amour des gens, de curiosité, etc. Et, par définition, ce sont des qualités structurellement contradictoires avec les précédentes (ce qui ne veut aucunement dire qu’on ne peut pas toutes les avoir). Du coup, un RH généraliste qui fait du recrutement aura une tendance à traiter la discipline comme il doit traiter les autres. C’est ce qui explique que beaucoup envoient des messages d’approches sur LinkedIn avec un ton administratif complètement en décalage avec l’esprit de la plateforme. On ne peut pas vraiment le leur reprocher.

Cette dichotomie engendre une sorte de désamour du recrutement par les RH. Dans presque toutes les promotions de master RH à qui j’ai enseigné, les élèves m’ont raconté que leurs profs parlaient du recrutement comme quelque chose de sale. Par opposition aux disciplines nobles de la RH. J’observe logiquement ce même désamour, voire parfois du mépris, au sein des entreprises. Il y a aussi, du même coup, une incompréhension sur le métier de recruteur. Souvent, en formation, on me dit : « ah mais c’est tout un métier en fait ! ». Je confirme.

Si votre stratégie de recrutement est de poster une annonce, puis de prier, puis d’appeler éventuellement un cabinet de recrutement : vous n’êtes pas recruteur.

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Si vous ne faites pas de sourcing (même très rudimentaire sur les CVthèques), vous n’êtes pas recruteur. Si vous n’avez pas le temps de faire du sourcing parce que c’est chronophage, vous n’êtes pas recruteur. Mais ce n’est pas grave !

Quelqu’un qui fait de la cuisine n’est pas forcément un cuisinier

Vous imaginez si un cuisinier vous disait « je n’ai pas le temps de faire à manger moi-même car ça prend trop de temps, du coup j’achète des surgelés et des fois j’appelle un cabinet de cuisine » ?

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Vous ne le considéreriez plus comme un cuisinier. Un cuisinier ne peut pas dire que faire à manger prend trop de temps car c’est son métier. Si quelqu’un vous dit que la cuisine prend trop de temps c’est qu’il n’est pas cuisinier.

De la même manière, un recruteur ne peut pas vous dire que le sourcing est chronophage. Pas parce que c’est faux (c’est même vrai) mais parce que ça ne lui traversera même pas l’esprit !

Il y a évidemment toute une gamme de nuances entre les gens qui achètent des surgelés, ceux qui aimeraient bien prendre le temps de faire la cuisine, ceux qui font la cuisine sans pour être autant des cuisiniers, et les cuisiniers.

Et ce n’est pas un jugement moral ! Je ne suis personnellement pas cuisinier : ce n’est pas mon métier. Je ne suis d’ailleurs même pas (plus) sourceur ou recruteur (on me pose encore la question). Il n’y a rien de grave : chacun se concentre sur son métier. D’ailleurs, c’est pour ça que les cabinets de recrutement existent.

Chacun(e) devra se poser la question

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Encore une fois il n’y a ici aucun jugement de moral, c’est juste factuel. Il y a d’un côté les recruteurs et de l’autre les gens qui font du recrutement. Et les recruteurs font du sourcing. La seule question que vous devez vous poser une fois pour toutes c’est :

« Suis-je oui ou non recruteur ? En ai-je envie ? ».

C’est une réponse qu’il faut avoir en tête pour mener son activité sereinement. Et si vous répondez non, ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas recruter. Ni même qu’il n’est pas intéressant pour vous d’apprendre les rudiments du métier. De la même manière que ce n’est pas parce que je ne suis pas cuisinier qu’il n’est pas judicieux d’apprendre les rudiments de la cuisine.

On touche donc à la définition profonde du métier. Faire du recrutement et être recruteur n’impliquent pas les mêmes besoins de formation et de connaissances. Ni les mêmes schémas mentaux. Faire du sourcing et être sourceur n’exigent pas le même état d’esprit.

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Un recruteur qui ne sait pas sourcer c’est comme un chef cuisinier qui ne sait pas faire une pâte. Bien entendu, ça ne l’empêche absolument pas d’avoir un assistant (un commis) et de faire de moins en moins la pâte lui-même.

Après vous être demandé si vous voulez être oui ou non recruteur, il est probable que la prochaine question sera de savoir ce qui fait un bon recruteur ou un bon sourceur. C’est aussi une question qu’on me pose souvent. Je n’ai aucunement la prétention de répondre définitivement à la question mais j’ai observé que les gens les plus curieux faisaient les recettes les plus impressionnantes ^^.

Au final, le seul outil dont vous ayez vraiment besoin pour devenir recruteur c’est la curiosité. Tout ce que vous ne savez pas s’apprend.

Conclusion

Il vous suffit donc de vous munir de votre curiosité pour devenir sourceur ou faire du sourcing. Vous pouvez le faire sans formation particulière. Je connais de très bon sourceurs autodidactes. D’autant plus qu’il n’y a jamais eu autant de contenus facilement accessibles sur le métier.

Et si vous avez besoin d’un coup de pouce,d’un accélérateur, ou d’un catalyseur, c’est avec plaisir que l’on vous accueillera sur LEDR Pro pour rejoindre tous nos apprentis cuisiniers :D.

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