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« Génération Y » est une insulte inventée par des consultants

Le concept de génération Y est une esbroufe de consultant. C’est une intuition que j’avais depuis un moment. Et j’ai eu la chance (ou la malchance) d’être obligé d’aller fouiller en profondeur le concept pour l’exprimer en format conférence pour l’événement La Claque.

Je me suis rendu compte de deux choses en faisant ce travail de documentation et d’exploration : premièrement que c’est bien un concept vide, deuxièmement que nous sommes énormément à avoir une réaction allergique.

Et c’était une suprise pour moi : quasiment à chaque fois que j’ai dit que je préparais une conférence sur la génération Y, j’ai vu des regards s’assombrir et des pulsions meurtrières monter. Certaines personnes sont même parties au quart de tour : « Mais c’est du pipeau ce truc ! Pas ENCORE une conférence sur la Génération Y ».

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J’étais obligé de rajouter « non mais je vais justement dire que c’est du pipeau ». Ce qui soulageait immédiatement mes interlocuteurs qui continuaient quasiment toujours immédiatement en disant « ouf j’ai cru que t’allais faire comme la fille là…comment elle s’appelle déjà ? ». Mais on y reviendra.

Qui nous parle de la génération Y ?

Avez-vous remarqué que les gens qui vous vendent le concept de génération Y, ne font jamais partie de la génération Y ? Rien que ce fait devrait nous inciter à une extrême méfiance. Comme le chante Youssoupha : « tout ce qui est fait pour nous mais sans nous est fait contre nous ».

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Même avec toute la bienveillance du monde, confisquer la parole aux personnes que vous prétendez décrire ne peut que donner une catastrophe.

On en arrive alors à des aberrations, comme cette vidéo censée illustrer la génération Y en entreprise. Avec un prétendu jeune qui dit des phrases comme « j’ai trouvé avec la fonction GPS de mon iPhone »

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Ou bien, quand on lui propose une plaquette : « vous n’auriez pas un CD plutôt ? ».

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Un CD ? Vraiment ? Aucun jeune sur terre n’a jamais parlé comme ça.

D’ailleurs l’acteur le reconnaît lui-même dans une interview : « on essaie d’évoquer le conflit entre génération X et Y, d’un point de vue je pense plus de la génération d’au-dessus ».

Bon…je vous vois venir. Avant quand je disais que le sujet n’était jamais abordé par des gens de la génération Y eux-mêmes on me disait « ah oui en effet ». Depuis Octobre 2015 désormais on me répond systématiquement « mais si ! Y’a une jeune là qui a fait une conférence… ».

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Voici effectivement l’exception qui confirme la règle. Et c’est probablement le coup le plus dur qui a été porté à tous ceux qui vomissent le concept. Parce que le coup est venu d’une des « nôtres », de l’intérieur. Et ceux qui connaissent l’histoire d’Anakin Skywalker (Dark Vador) savent à quel point les coups sont bien plus violents quand ils viennent d’un transfuge de son propre camp.

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Là encore, je pensais être le seul. Mais en discutant autour de moi pour préparer le sujet je me suis rendu compte que la seule prononciation de son nom déclenchait des réactions violentes et hostiles parmi ceux qui rejettent le concept. Désormais, par mesure de sécurité, je l’appelle Celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.

Mais celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom a beau faire partie de la prétendue génération Y, elle a quand même un point commun avec les autres : c’est pour elle un business.

J’ai perdu la source mais j’étais tombé sur un article très juste qui disait en substance : « la prochaine fois qu’on vous agitera la génération Y demandez-vous qui a intérêt à exagérer le fossé entre la génération Y et les précédentes ? C’est marrant de voir que les gens qui ont un discours pointant l’étendue de la différence de la génération Y ne sont pas des gens qui vivent avec elle mais des gens qui gagnent leur vie sur son dos ».

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Qu’est-ce que la génération Y ?

Il y a un débat sur les dates de délimitation de cette génération. Deux intervalles s’affrontent : 1979 – 1995 et 1982 – 2004. Vous vous rendez compte de ce que ça dit en termes de rigeur scientifique ? On est incapable de se mettre d’accord sur la base même du concept. Passons.

L’autre chose sur laquelle tout le monde semble d’accord c’est que le Y est là pour succéder au X de la génération précédente. Et que le consultant qui l’a inventé s’est dit que c’était un super jeu de mot avec le « why ». Ce qui en ferait une génération pourquoi. Vous remarquez à quel point l’alphabet a été bien fait n’empêche !

On s’est donc dit qu’on allait définir une génération par sa tendance à dire pourquoi, à remettre tout en question. Une sorte de génération de doute radical et de scepticisme permanent. Ce qui fait de Descartes le représentant le plus éminent de cette génération, non ?

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On nage déjà en plein ridicule. On croirait de l’astrologie. Mais laissons les consultants se dépêtrer avec le monstre qu’ils ont créé. Si je reviens à notre quotidien et aux articles que l’on voit passer, une des autres définitions de la génération Y c’est qu’elle est un problème, un défi pour les entreprises.

Au final ce n’est pas la littérature sociologique qui s’intéresse le plus au concept mais bien la littérature managériale. Je suis tombé sur un mémoire passionnant qui essaie justement d’étudier le sujet avec une rigeur sociologique et qui conclut comme ceci :

« Paradoxalement, l’abondante littérature qui s’intéresse à la «Génération Y» ne provient pas de la communauté académique. (…)

Aucune des 98 recherches référencées et reconnues par le CNRS ne s’est intéressée aux comportements des membres de la « génération Y » dans l’entreprise : il s’agit de recherches en marketing qui s’intéressent aux comportements des jeunes consommateurs. (…)

Les comportements au travail de la «génération Y» demeurent donc, à notre connaissance, des récits de managers ou des recommandations de consultants. (…)

Ils montrent que l’influence de l’appartenance générationnelle est moindre que celle de l’appartenance au groupe des cadres. L’effet de la socialisation est plus puissant que l’effet générationnel. »

L’auteur touche du doigt un point fondamental : la dimension marketing du concept. La génération Y est un idéal-type marketing, une persona. Comme l’est la ménagère de moins de 50 ans. Et nous devrions traiter ce concept comme l’on traitre celui de ménagère de moins de 50 ans. L’utilité pour segmenter des campagnes marketing est évident (on parle d’un individu de moins de 35 ans qui habite en ville, se déplace en transport collectif, a un diplôme du supérieur et est célibataire au sens du code civil). Mais ça s’arrête là.

Le concept de génération Y est une somme de clichés et de stéréotypes réducteurs. Parmi eux, j’en ai vu 3 revenir en permanence : le problème avec l’autorité, l’individualisme et le refus du travail.

Vous les avez déjà entendu. Peut-être même que vous avez l’impression qu’ils sont vrais et caractérisent bien cette génération, par opposition aux précédentes ? Je vous propose d’aller le vérifier. Nous allons comparer la génération Y aux deux générations d’avant. Mais attention, nous n’allons pas comparer les Y de 2016 aux X et aux Baby-boomers de 2016. Nous allons comparer les Y de 2016 aux X de 1993 et aux baby-boomers de 1973. C’est-à-dire au moment où les X et les Baby-boomers avaient l’âge de la génération Y de maintenant.

Baby-boomers = Génération Y

On retiendra pour les Baby-boomers l’intervalle de naissance 1943-1960. Pour vous aider à visualiser : c’est la génération de Sarkozy, Conh-Bendit et Balavoine. Ceux qui ont entre 56 et 73 ans au moment où j’écris.

Avaient-ils un problème avec l’autorité ? Manifestement oui ! Et dans une ampleur bien plus grande que la génération Y. C’est la génération qui était dans la rue en mai 68.

C’est la génération qui criait « état fasciste, état policier », qui envoyait des pavés sur les policiers et qui scandait qu’il est « interdit d’interdire ». On peut difficilement faire plus en termes de rapport difficile à l’autorité.

Avaient-ils un problème avec l’individualisme ? Manifestment oui ! En 1973, le New-York magazine les appelaient : la génération moi je.

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En soulignant que cette génération était en quête de sens et d’épanouissement. Tiens, ça ne vous rappelle rien ? La génération en quête de sens au travail ?

En France, on les a appelé la Bof génération. Des jeunes qui se distinguait par un désengagement de la politique (tiens, tiens…), une idéologie anti-autoritaire et une attitude do it your self (tiens, tiens…ça aussi ça devrait vous dire quelque chose).

Avaient-ils un problème de refus du travail ? Manifestement oui ! On parle de la génération qui a vu émerger d’elle…les hippies ! Peut-on faire plus génération Y que les hippies ? Il me semble qu’une génération qui a eu le mouvement hippie et mai 68 devrait s’abstenir du moindre commentaire sur la génération Y.

Certains d’entre vous me diront : oui mais on le savait déjà. Puisque la génération Y a failli s’appeler la génération echo à cause de sa ressemblance avec les Baby-boomers. Dont acte. Allons désormais du côté de la génération X.

Génération X = Génération Y

On retiendra pour la génération X l’intervalle de naissance 1961-1981. Pour vous aider à visualiser : c’est la génération de Jamel Debbouze, Céline Dion et Marine Le Pen. Ceux qui ont entre 35 et 55 ans au moment où j’écris.

Avaient-ils un problème avec l’autorité, un problème d’invidualisme et un problème de refus du travail ? Manifestement oui ! On les a appelé la slacker generation. Ce qu’on peut traduire en français par « génération feignasse ».

Feignasse

Mieux encore, un article de 1993 les appelait la génération pleurnicharde dans des termes qui vous rappelleront forcément quelque chose :

« Ils ont tout eu. C’est le problème de la Génération X. On a une génération dont tous les besoins ont été comblé depuis la naissance. Maintenant qu’ils font face à l’âge adulte, ils s’attendent encore à avoir des cadeaux. (…)

Ils n’ont même pas eu besoin d’apprendre à s’amuser car Maman et Papa étaient toujours là pour les alimenter de divertissement,  d’une activité à l’autre. (…)

On devrait les appeler la Génération pleurnicharde (…)

J’invite ces pleurnichards à renoncer à leurs valeurs de génération télévision et à accepter la dure et froide réalité. »

Tout est dit. Vous avez face à vous une oeuvre d’art en termes de clichés sur la jeunesse. Certes, on parlait de génération télévision plutôt que de génération smartphone. Et à la place de génération Instagram on parlait de génération caméscope vidéo.

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Cerise sur le gâteau : le X de génération X se réfère (entre autres) au refus de l’étiquette. C’est le même X qu’en mathématiques : la variable inconnue. Car c’est une génération dont on disait qu’elle refusait qu’on la définisse.

Quelle ironie…comment quelqu’un qui faisait partie de cette jeunessse refusant les définitions simplistes et les etiquettes peut désormais compter des gens qui font la même chose à la génération Y ?

Les jeunes ont toujours existé

En vérité, c’est bien la jeunesse qui est caractéristique. Davantage que la génération. 90% des caractéristiques stéréotypées qu’on attribue à la génération Y sont en fait des caractéristiques des gens de moins de 35 ans, peu importe les époques.

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Les jeunes n’écoutent pas leurs parents et ça ne date pas d’hier. En témoigne toutes les citations antiques sur le sujet. Que ce soit celle, fameuse, attribuée à Socrate : « Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans. » ou une autre attribuée à un prêtre égyptien 1000 ans avant Jésus-Christ : «  Notre monde a atteint un stade critique. Les enfants n’écoutent plus leurs parents. La fin du monde ne peut pas être loin. »

C’est un thème millénaire bien plus vieux que les vieux qui l’utilisent encore. Au même titre, les jeunes ont une tendance à l’individualisme et au refus du travail. Remarquez que ça change souvent avec la paternité et la maternité. Quand on s’occupe d’un enfant on est soudainement moins porté à l’indivualisme et au refus du travail. De la même manière, les jeunes ont une tendance naturelle à la recherche de la réalisation de soi. Une fois que vous êtes vieux et que vous vous êtes déjà réalisé c’est plus compliqué.

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Dans les « jeunes d’aujourd’hui » rageurs, on accentue sur le « aujourd’hui ». Alors qu’en vrai le mot important c’est « jeune ».

Adam Conover l’exprime de manière magistrale dans sa sublime conférence Millenials don’t exist.

 

« Le narcissime, par exemple, fait partie du processus naturel du développement de la personnalité. On est de moins en moins narcissique avec l’âge. Donc reprocher le narcissime à la génération Y ce serait comme de se plaindre en disant de bébés : cette génération ne veut faire ses besoins que dans des couches, ils ne veulent pas aller aux toilettes ! »

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Au final, on est toujours le Y de quelqu’un. Les jeunes sont ce qu’ils sont et certains vieux adorent le leur reprocher. Et c’est un cycle interminable : les mêmes jeunes quand ils deviennent vieux sont tentés de faire la même chose aux suivants. Parce qu’ils auront oublié.

J’ai la (mal)chance d’avoir gardé énormément de choses que j’ai écrite quand j’avais 17 ans. Et c’est une souffrance énorme de les relire à 27 ans. J’ai l’impression de lire…un jeune de 17 ans de 2016. Ce n’est pas Snapchat mais un Skyblog, ce n’est pas Whatsapp mais MSN et pourtant les schémas sont identiques.

« Génération Y » est une insulte

Au fond, le concept de génération Y n’est rien d’autre qu’une insulte. Bien sûr qu’il existe des gens qui sont nés entre 1982 et 2004. Bien sûr qu’ils forment une génération démographique. Mais le Y que l’on rajoute est là pour pointer du doigt. Ce sont presque toujours les autres qui vous appellent Y.

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Avant celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom je n’avais jamais vu quelqu’un monter sur scène pour dire « je suis un Y ». C’est comme le fameux « issu de la diversité ». Personne ne se désigne soi-même comme cela.

Certes, certains jeunes ont tellement été matraqués par la télévision qu’ils finissent par adhérer au concept. Vous avez même une étude où les jeunes se décrivent eux-mêmes comme fainéants. C’est d’ailleurs toujours la même que les consultants vous ressortent pour vous dire « tu vois, on a même pas besoin de laisser la génération Y parler, ils sont d’accord avec vous ». C’est un peu court : vu la boulimie médiatique il n’est pas étonnant que certaines personnes finissent par intégrer les stéréotypes qu’on leur colle. D’autant plus que vous n’avez pas de message contradictoire dans les médias. Même moi, j’ai longtemps cru au concept de génération Y.

Mais je vous assure que c’est bien une insulte. J’ai essayé de réunir des pièces à conviction pour cette enquête.

Pièce à conviction n°1 : on ne dit pas les vieux

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C’est intéressant de voir que l’on dit spontanément « les jeunes » mais qu’on se permet beaucoup moins spontanément de dire « les vieux ». Quand je remplace le mot « jeune » par le mot « vieux » dans les articles j’arrive à des choses qui nous choquent comme : « Comment manager les vieux en entreprise », « comment répondre aux attentes des vieux ? » ou encore « L’explosion du nombre de vieux en entreprise est un défi pour les managers ».

Il suffit donc de remplacer jeune par vieux et on ressent d’un coup le côté insultant.

Pièce à conviction n°2 : l’obsession du management

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Parmi les gens avec qui j’ai discuté pendant la préparation de ce sujet, quelqu’un m’a fait une remarque très juste. Après s’être insurgé violemment contre Celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom il m’a dit : « En plus les sujets c’est toujours comment MANAGER la génération Y. C’est toujours la comprendre dans le but de la manager ».

Et effectivement, la littérature managériale aborde le sujet dans cet unique but de mater ces sauvageons que l’on ne comprend pas. Voici d’ailleurs un commentaire que j’ai trouvé sous un des nombreux articles de management :

« Bonjour,
Y en à marre de la génération Y !
Mettez les au boulot ! Arrêtez de nous dire comment s’adapter à ces incompétents ! Transformez les ! (…)

Tout leur est du il faut que le patron soit sympa , pas dirigiste, ne leurs demandent pas de résultats qu’ils puissent se distraire au boulot conserver leur RSS pendant les heures de travail ! Mais ou sont leurs devoirs ? (…)

Je dirige une SSII très innovante, rembauche 29 personne en 2011, du coup je cherche soit des quadra soit des Roumains pas question de me retrouver encore avec des petits français de 25 ans: sans savoir faire, sans ambitions, et déloyals (sic) ! »

C’est bien cette idée de manager au sens le plus militaire du terme que l’on ressent ici.

Pièce à conviction n°3 : on ne se le permettrait pas avec d’autres catégories

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Vous imaginez si on avait les mêmes articles qui disaient :

« Comment manager les arabes en entreprise ? », « Comment manager les noirs en entreprise ? », ou encore « Cinq conseils pour manager au mieux les athées ».

Je vous rassure : un affreux doute m’a saisi en l’écrivant et j’ai donc été vérifier. Ce genre d’article idiot n’existe pas. Ce que je viens de faire est caricatural ? Bien sûr. Mais la caricature est une des rares armes qui permet de démasquer la langue de bois. Et la génération Y est un mot de langue de bois. Il couvre une violence en l’adoussisant, en la déguisant en quelque chose de respectable et scientifique.

Pièce à conviction n°4 : les concepts marketing sont insultants quand on les sort de leur cadre

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Vous vous rappelez de la ménagère de moins de 50 ans ? Que les gens au marketing parlent comme ça pour segmenter leurs actions n’est pas un problème en soi. Mais maintenant sortons le concept de son cadre marketing. Imaginez que vous êtes invités à un repas par un couple d’amis. Et là vous dites à votre amie : « c’était vraiment bien, tu es une excellente ménagère de moins de 50 ans ». Pensez-vous qu’elle le prendra comme un compliment ? Quelle serait sa réaction ?

Mais…comment une insulte peut-elle avoir tant d’écho ? C’est la question que m’a posé Laurent pendant que je préparais le sujet.

Pourquoi l’insulte séduit-elle autant ?

C’est une question de peur de la différence, de peur de ce qu’on ne comprend pas. C’est Maître Yoda qui le dit le mieux :

« La peur est le chemin vers le côté obscur, la peur mène à la colère, la colère mène à la haine et la haine mène au côté obscur de la force ».

Vous trouvez que le mot haine est trop fort ? Je vous propose de lire des extraits d’un article qui s’appelle « Faut-il être plus directif avec la génération Y ? ».

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« Ces individus qui dans la rue, au travail, au sein du couple ou en famille agissent en fonction de leur seul bon vouloir grignotent tous les liens sociaux. Le sentiment de l’autre leur est quasi inconnu, tout investi qu’ils sont dans une quête inlassable du plaisir immédiat. (…)

Au final, ils manifestent une volonté de toute-puissance qui gomme tout principe de réalité. Résultat : refus de se remettre en cause et quête permanente d’une solution miracle pour trouver une réalité confortable. (…)

Leur demande incessante de bonheur se confond avec l’immédiateté de leur volonté de jouissance. Certes on les rencontre à tous âges, mais s’ils se retrouvent majoritaires dans la génération Y, c’est qu’ils ont été élevés dans des familles qui leur ont laissé, enfants, prendre le pouvoir. (…)

En faisant de leurs désirs des ordres, leurs parents les ont amené, malgré eux, à se la jouer perso en s’impliquant le moins possible. Surconsommation, surstimulation, survalorisation, surprotection et surcommunication de l’enfant, ce que Didier Pleux nomme les « 5 S », aurait petit à petit contribué à faire émerger des asociaux, peu heureux pour autant…Dont la pathologie se résume à la difficulté d’accepter la réalité, la sienne et celle des autres. (…)

Toute sa vie se construisant autour du « j’ai envie, je fais » ou « je n’ai pas envie, je ne fais pas », il est réfractaire à toute « verticalité », à toute forme d’autorité. « S’il est juste de contester certains autoritarismes, l’adulte roi, lui, n’est pas un « rebelle » au sens noble, il est réfractaire à ceux qui savent mieux que lui, à ceux qui peuvent le faire réfléchir, voire l’infléchir. »

Si ce n’est pas de la haine je ne sais pas ce que c’est. On retrouve tous les clichés : le problème avec l’autorité, l’individualisme et le refus d’accepter la réalité. Le même type de violence s’est déchaîné à la sortie de Pokémon Go.

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Quand j’étais petit on nous reprochait de rester enfermé à jouer à des jeux vidéos. Désormais on reproche aux jeux vidéos de faire sortir les gens. Allez comprendre ! C’est d’ailleurs un des effets secondaires que de penser le monde avec une case insultante. Tout va dans votre sens, tout le temps. Et l’insulte a été massive face à Pokémon Go. Je vous ai extraits deux commentaires sur Facebook mais il y en avait des milliers du type rien que sur une seule publication :

« Cette jeunesse préfère courir après des trucs virtuels plutôt que de chercher des jobs d’été »

« On peut être fiers de faire des génération de décérébrés »

Au fond du fond, on a presque l’impression que ce que les gens insultants veulent c’est dire « on devrait enfermer les jeunes jusqu’à ce qu’ils soient vieux » (merci Mohamed pour cette phrase).

Au final, cette tentation est naturelle et relève d’un processus psychologique simple et très bien saisi par Douglas Adams :

« Tout ce qui existe dans le monde à votre naissance est normal, ordinaire et fait partie intégrante du fonctionnement du monde. Tout ce qui est inventé entre vos 15 ans et vos 35 ans est nouveau, génial, révolutionnaire et vous servira dans votre vie professionnelle. Tout ce qui est inventé après vos 35 ans est contre l’ordre naturel des choses. »

Ou par George Orwell :

« Chaque génération se croit plus intelligente que la précédente et plus sage que la suivante. »

Quand on entend parler certaines personnes (j’insiste sur le certaines) on a l’impression qu’elles ont connu un âge d’or où les gens se tenaient par la main en chantant et en dialoguant dans les transports publics. Que sans les smartphones, les gens se parlaient dans les bus et les métros. Alors qu’en fait ils ont plutôt connu ça :

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Mais on a tous une tendance à la nostalgie. Cette nostalgie qui rend notre mémoire sélective. Fary le résume bien :

« Non ce n’était pas mieux avant, c’est vous qui n’étiez pas vieux avant ».

Par quoi remplacer le concept de Génération Y ?

Alors, après avoir détruit ce concept de génération Y, avec quoi allons nous rester ? Peut-on remplacer le concept par quelque chose de plus pertinent ?

Les digital natives ? Evidemment pas. A-t-on jamais parlé d’eletrical natives à l’invention de l’électricité courante ?

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La culture Y alors ? J’ai beaucoup entendu cette arnaque. Et elle émerge de plus en plus. Par pitié non. Ne nous faîtes pas ça. Ce n’est pas avec une culbute sémantique qu’on règle le problème de l’insulte. Car au final c’est exactement le même concept. Voire pire puisqu’on part de quelque chose qui était déjà vague pour dire « bon…pour que ça fonctionne tout le temps on a qu’à dire que les exceptions à la règle sont en fait des X qui ont une culture Y ou des Y qui n’ont pas la culture Y». Vous voyez à quel point c’est vicieux ? Au lieu de se dire que le concept ne fonctionne pas et ne caractérise pas une génération on dit : tous les contre-exemple sont en fait des preuves. Tordu et imparable. Faites très attention, c’est le genre d’arnaque intellectuelle qui est extrêmement séduisante car c’est une pensée magique. Si vous tombez dans ce côté obscur il est probable que vous n’en reveniez jamais.

J’ai également entendu parler d’époque Y. Et là…je ne sais pas quoi vous dire. Pourquoi faire autant d’effort pour conserver ce Y fumeux ? Pourquoi pas tout simplement « époque » ?

Malheureusement, ce qui est en train de remplacer le concept de génération Y…c’est le concept de génération Z. Comme les prétendus Y commencent à devenir vieux les consultants se rabattent sur la génération suivante. Avec des propos toujours aussi vagues et stéréotypés :

« Le web est pour la génération Z à la fois l’endroit où ils socialisent, jouent, font leurs achats, partent à la découverte du monde, mais aussi apprennent. Internet est donc une extension d’eux-même et ils vont percevoir tout matériel technologique désuet qui leur ralentirait l’accès à l’information comme une amputation d’eux-même.

La génération Z s’attend à une ordinateur et un smartphone dernier cri… Si vous leur proposez de travailler sur Windows XP avec un ordinateur qui a plus de 10 ans, vous avez 99% de chances de les voir s’enfuir en courant.

« Quoi, Facebook est interdit au travail ? » N’imaginez même pas interdire l’accès aux réseaux sociaux à la génération Z, ils vont d’abord se moquer de vous à gorge déployée et puis partir en courant. »

C’est marrant car je me retrouve intégralement dans cette description alors que je ne fais pas partie de cette génération. On est encore dans l’astrologie.

Je pense que vous commencez à voir où je veux en venir : si j’étais un chaman (c’est-à-dire un consultant), j’aurais remplacé le concept par un autre.

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J’aurais essayé d’inventé un terme qui aurait prouvé ma finesse d’esprit. Quelque chose du type « génération smiley » ou « génération Kévin ».

Mais je ne suis pas un chaman donc je vais vous dire la vérité : la vie est trop complexe pour qu’un tel concept puisse fonctionner. Je ne dis pas qu’il n’existe pas des fractures entre les jeunes et les vieux mais en utilisant le concept de génération Y vous les aggravez. Si vous voulez comprendre quelqu’un, commencez par éviter de l’appeler par une lettre. Je ne dis pas non plus que cette génération n’a pas des différences avec les précédentes. Toute génération est différente de la précédente. Ce que je dis c’est que ces différences sont trop largement surestimées. Et qu’à travers le concept de génération Y ce ne sont pas les différences intéressantes qui sont décrites mais bien une caricature insultante et réductrice.

Car cette fumisterie est en train de bloquer nos cerveaux. Le monstre ne s’arrête plus. Pendant mes recherches je suis tombé sur des articles plus délirant les uns que les autres. Rien que la semaine dernière voici les articles qui ont été produits sur le sujet :

Génération GPS (c’est bien connu les vieux n’ont pas de GPS dans leurs voitures)

Generation-gps

Pourquoi la génération Y a moins de relations sexuelles (ça se passe de commentaires mais notez au passage qu’apparemment la génération Y de cet article c’est uniquement les 18-24 ans)

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Le vin et la génération Y

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À un moment je me suis demandé si je pouvais trouver un article sur la génération Y en écrivant le premier mot qui me venait à l’esprit. Ce mot a été « autruche » et…devinez quoi ? J’ai trouvé un article qui parle de génération autruche-baudruche.

generation-autruche

 

Peut-être qu’il est temps d’arrêter les frais, non ? J’en suis arrivé à la conclusion que si vous avez besoin d’une case pour comprendre le monde c’est qu’il vous en manque une à vous. Le problème n’est pas la génération Y : le problème c’est les gens qui pensent que c’est un problème.

D’autant plus que le concept de génération Y est de plus en plus utilisé comme une disqualification : une infantilisation qui vous confisque la parole. La dernière fois que j’ai essayé de contredire un consultant en public, on m’a répondu : mais tu vois tu viens de remettre en question. Tu es donc bien un Y. Brillant, imparable et machiavélique. Une fois qu’on a construit un concept sur la remise en question, plus personne ne peut le remettre en question.

machiavelisme

Du coup, plutôt que de vous proposer un substitut, je vous appelle à ne plus jamais faire partie des inquisiteurs si vous l’avez été. À ne plus pointer du doigt quelqu’un en l’appelant Y. Car nous sommes une armée, pas une génération, à contester ce concept insultant et réducteur.

Nous sommes plusieurs à penser que ce concept relève plus de l’astrologie que d’autre chose : des suites d’affirmations contradictoires (ex : la génération Y est indivualiste mais elle adore l’économie du partage).

Et nous ne revendiquons pas non plus le travers inverse. Celui de dire que cette génération va sauver le monde car elle est meilleure. Nous ne vous dirons pas que c’est une génération smartphone, instagram ou même Autruche. Ce qu’on appelle la génération Y n’est que l’expression de la jeunesse. Regardez les jeunes de 68. À qui ressemble le plus le Conh-Bendit de 1968 ? Aux jeunes de 2016 ou au Conh-Bendit de 2016 ?

Si nous voulons faire preuve de bienveillance les uns envers les autres, il va falloir commencer par se débarrasser de cette insulte, une fois pour toutes. Mais je n’ai aucun espoir naïf : les jeunes seront toujours pointés du doigt par certains vieux. C’est le cycle de la vie.

Les commentaires

  1. Excellent article ! J’aime beaucoup l’approche en démontant point pas point les pseudo-concepts de la génération Y.
    Le parallèle avec l’astrologie est tout à fait judicieux. La cristallisation d’un groupe de population conduit toujours à des aberrations et à des dérives dangereuses.
    A l’astrologie, j’ajouterais le concept journalistique du marronnier : la génération Y, ça revient tous les 20 ans et ça fait vendre du consulting. Vous me direz, le recyclage c’est important 🙂
    Enfin, si la nature a horreur du vide et qu’il faut remplacer ce pseudo-concept de génération Y, je vous propose d’inverser la problématique et de nommer ceux qui l’utilisent : les générateurs d’Y.

  2. Salut Nicolas, merci pour cet article « coup de poing » qui remet en cause une ligne éditoriale effectivement parfois plus que pompeuse à mon goût sur la génération Y. Je trouve personnellement que tu vas un peu loin sur certains aspects mais en tant qu’agitateur je suis bien placé pour savoir à quel point il faut savoir… provoquer ! 🙂

    As-tu pensé a écrire ce genre d’article sur la fonction RH et la fausse importance qu’on prétend lui accorder dans nos entreprises? Ce serait une bonne idée et c’est avec plaisir que nous pourrions en discuter 🙂 A ta dispo si le sujet t’intéresse en tout cas.

    1. Ahah j’ai été loin où ? Je suis même pas à 80% des mes capacités ^^. Non je ne provoque pas. Je ne sais même pas si j’ai atteint 80% de ce que je pense dans ma tête sur l’article. Au contraire j’ai mis de l’eau dans mon vin.

  3. Whaouh bravo ! Travail remarquable et que j’attendais depuis longtemps… Feignasse de la génération X qui a été ulcérée en mon temps je rassure comme je peux les Y et Z que j’accompagne en tant que Coach par quelques travaux d’un historien. Cette haine du jeune daterait en France de la
    Révolution… Vérification empirique faite auprès de mon grand père de 95 ans, en effet, lui aussi se souvient avoir été de la génération de nuls qui n’avaient pas fait la « Grande Guerre de 14″…BREF… MERCI pour cette brillante démonstration

  4. Vous devez peut-être approfondir vos »recherches » : « Avez-vous remarqué que les gens qui vous vendent le concept de génération Y, ne font jamais partie de la génération Y ? »
    Emmanuelle Duez que vous tentez de démonter tout au long de l’article fait partie de cette génération!

    1. Bonjour Leo, Merci pour votre commentaire ! Si vous aviez lu l’article en entier, vous auriez vu que Nicolas la mentionne justement comme appartenant à la génération Y !

    2. Bonjour Léo,

      Vous devez peut-être approfondir votre lecture ^^.

      Oui, Celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom est bien une jedi passé du côté obscur. C’est écrit dans l’article !

      Et même si ça ne l’était pas, qu’est ce que ça changerait à l’affaire ?

      1. Mlle DUEZ, dont-vous-ne-devez-pas-prononcer-le-nom a quand même un beau parcours et mérite d’être entendue. Elle parle des Y et des Z avec la caricature que vous décrivez, mais elle en tire les mêmes conclusions que vous : objet marketing autant que sujet de management puisqu’elle parle de turn over qui s’accentue et des patrons qui devront les fidéliser « comme leurs clients ».
        Vous êtes les premiers à parler de marketing RH (enfin, quand vous étiez encore #RMS). Dans la video https://www.youtube.com/watch?v=-aAKX5htpxk elle va plus loin que le sujet des Y et veut réinventer un nouveau modèle de société.
        Elle est militante et donc forcément clivante : mais au moins elle le fait avec énergie (si seulement on avait de tels débats d’idées en politique…).

        1. Alain,
          Mlle Duez mérite d’être entendue bien sur et elle a également le droit d’avoir tort. Concernant la génération Y comme sujet de management notamment sur le turnover : c’est justement faux. Les études de l’INSEE la contredisent. J’en parle ici > http://letank.org/generation-y-ou-la-801eme-generation/
          Concernant cette supposée volonté de réinventer un modèle de société ou militantisme …Elle a fondé une boite de conseil, pas une association ou un parti politique justement. Elle n’est d’ailleurs pas clivante puisqu’en substance, son discours se résume à : les jeunes veulent changer le monde et le rendre meilleur. Qui pourrait s’offusquer et s’élever contre ça ? Maintenant, je suggère la lecture de Rules for Radicals de Saul Alinsky car lui, au delà des discours d’intentions d’Emmanuelle Duez, qu’on retrouve également en politique, il propose une méthode accessible à tous pour réaliser ce changement.

          Mohamed,

        2. Bonjour Alain,

          Je ne vois pas du tout ce que vient faire le parcours dans tout ça ? Ce qui m’intéresse ce n’est pas qui parle, mais ce qu’il dit.

          Mais non ! Elle ne tire absolument pas les mêmes conclusions ! Ce n’est pas un sujet de management, c’est un fantasme de management. Je ne comprends pas le rapport avec le marketing RH ? Je n’ai rien contre le marketing si c’est ce qui était sous entendu. Mais je n’irai jamais appeler quelqu’un « une ménagère de moins de 50 ans » pour autant.

          Mdrrrrr clivante ? On parle pas de la même personne. Rien de plus consensuel que ce discours.

  5. Excellent article !
    Mais j’ai bien l’impression a vous lire que le concept fumeux de génération X, Y, Z (ça va être quoi après?) n’est pas prêt de mourir puisqu’il permet aux journalistes de vendre du papier, aux consultants de se vendre comme remède et aux RH de pas se prendre la tête. Celle-qu’on-ne-doit-pas-nommer s’en sert comme d’une étiquette pour vendre son business, poussant le système jusqu’à ses limites.

    1. En effet, Stéphanie.

      Je pense aussi que ce n’est pas prêt du tout de mourir. Je suis moi aussi curieux de voir ce qu’on va inventer après le Z !

        1. vivement les Bétas alors… On connait déjà leur profil : tellement assistés par les robots qu’ils seront incapables de réfléchir tout seuls.

  6. Très bon ! Comme beaucoup d’autres étiquettes fourre-tout, on les utilise pour désigner un groupe où personne ou presque ne se reconnait.
    En même temps c’est la même chose pour n’importe quelle étiquette, les gens font plus de cas de celle-ci que de la personne réelle… Homme, femme, jeune, vieux (ou Gen Y vs Boomer), noir, blanc, campagne, ville, etc. Pourtant il y a bien plus de variations individuelles que d’une étiquette à l’autre.
    Un exemple : on dit que les garçons sont meilleurs en math que les filles. Dans une classe de 30 élèves, elles auront, disons, 8 points sur 100 de moins en moyenne que les garçons. Pourtant, le meilleur élève aura 20, 30 ou 50 points que le moins bon, gars ou fille. Pire, si on dit avant l’examen aux jeunes filles que ce test a été réussi de façon égale par les garçons et filles, bref si on leur donne confiance, elles obtiennent des notes égales ou meilleures que les garçons !
    Les étiquettes ne sont donc pas seulement des écrans de fumée ou des tentatives de simplification masquant la réalité plus complexe et nuancée derrière. Pire, elles conditionnent le comportement des gens en fonction du cadre de l’étiquette portée ou donnée.
    Alors vive la remise en question des étiquettes !

  7. J’ai toujours trouvé ce concept ridicule, ma seule explication pour laquelle il avait pris est que le cerveau est feignant et attiré par la simplicité comme un papillon par une lampe. On voit mal comment un cerveau humain qui a mis des centaines de millions d’années à évoluer pourrait d’un coup changer radicalement en une génération (déjà, le concept de génération en soi porte à discussion sur la définition de ses contours, mais passons) uniquement par l’arrivée d’outils. L’explication jeunes-vieux a bien davantage de sens. Au fond, c’est la même chose avec tous les outils de « profilage psychologique », on voit fleurir des types rouges, des bleus, des NXRP etc., et des gens qui, se convainquant d’y appartenir, se biaisent eux-mêmes (biais de confirmation, notion capitale en psychologie comportementale)… une horreur que toutes ces étiquettes, qui simplifient et donc séduisent une réalité autrement complexe, qu’il n’est même pas la peine de décoder en fin de compte pour vivre ou travailler ensemble (mais c’est un autre sujet).

  8. Super article! A chaque fois que je m’apprête à lire par pur masochisme des « réflexions » sur la pseudo génération Y, je finis outré par la stigmatisation qui est faite de nous… halte aux masturbations intellectuelles qui nous aspergent de leurs concepts manageriaux, à seul fin de faire parler d’eux memes ou de déverser leurs propres frustrations personnelles (voir professionnelles)!
    Une belle étude documentée et référencée, un démontage dans les règles, parfait 🙂

  9. bonjour Nicolas, merci pour votre analyse que je trouve néanmoins incomplete.vous focalisez sur les jeunes et vous oubliez le reste. nous sommes dans une société stéreotypée qui met chacun dans des cases. on peut etre jeune à 60 ans et vieux à 20 ans, certes il y a quelques grandes lignes par génération dues au contexte de l’éducation, de l actualité et des modes de vie. je persiste et signe que le fond du probléme est uniquement managérial et non pas générationnel…c’est un peu facile
    mais vote analyse aurait du évoquer la catégorisation en général qui est en place surtout en France. Il est aussi choquant de classer un quadra dans les seniors à partir de 45 ans…mais je ne jeterai pas les propos de Emmanuelle Duez aux orties, il y a des bonnes idées . quelque part, elle rappelle aux managers que toutes les personnes doivent être respectées , non pas comme des compétences mais comme des êtres humains qui souhaitent parfois uniquement connaitre le sens de leur presence dans la chaine de valeurs d’une entreprise.

  10. Excellent article, j’aurais apprécié un paragraphe sur la recherche d’indépendance et le besoin de création (notamment de création d’entreprise) mais l’article en reste excellent.

    Finalement la génération Y c’est surtout un problème de sémantique qui a gagné les esprits. Cette fracture existe tout de même et le concept d’entreprise d’Emmanuelle Duez n’en est pas moins utile pour autant. Certes elle adresse le problème en parlant de génération Y mais c’est simplement pour générer de l’empathie auprès des chefs d’entreprises qui ne comprennent que ce concept. Ce qu’elle fait ensuite une fois la confiance installée n’a plus rien a voir avec la dite « insulte » mentionnée dans cet article et The Boson Project tend à faire travailler les générations entre elles in fine.

    La fracture elle est dans la communication inter-générationnelle, pas dans notre comportement. Les plus vieux ne veulent pas écouter les plus jeunes pour X raisons et les plus jeunes sont frustrés de ne pas être écoutés et se mettent à faire leur chemin de leur côté sans se soucier de ce que les plus vieux pensent (Bien évidemment ce n’est pas le cas de tout le monde mais ça représente un bon morceau des deux générations).

    Adresser le problème via la communication (et surtout l’écoute) serait déjà un bon moyen d’exploser nos cases respectives. Les plus bornés n’auront qu’a rester dans leur coin pendant que le reste du monde avance sans eux, aucun problème.

    1. Hello Thibaut,

      Je ne comprends pas le rapport entre le besoin de création et la génération y ?

      Pour le reste : une insulte a beau être dite de manière bienveillante, voire revendicative (comme dans le manifeste des 43 sal****), elle n’en demeure pas moins une insulte !

      Ah bon ? Et c’est pas une caricature ça ? Perso je parle avec des vieux qui m’écoute ^^.

  11. Bonjour Nicolas.

    Je tiens tout d’abord à vous féliciter pour votre article : un bol d’air frais au petit déjeuner cela fait toujours du bien.

    Je fais partie des « vieux qu’ont de l’âge », chef d’entreprise, créateur de startup de surcroit, confronté à cette question de savoir s’il faut prendre en compte spécifiquement ou pas les soit-disantes « spécialités comportementales » de telle ou telle génération ?

    « My 2 cents advice » comme l’on dit par ailleurs, pour essayer d’enrichir ce débat générationnel sans fin :

    a) Avez vous vu comment le monde bouge à la fois tellement vite et comment finalement les choses structurantes s’exécutent lentement : paradoxal non ?
    Du coup les soit-disants vieux seraient-ils aujourd’hui à ce point déboussolés qu’ils cherchent soit à mettre du ralentisseur et / ou à se rassurer en inventant des tentatives d’explications pseudo scientifiques pour caser quelque part sur leur échiquier mental ce qui les forcerait à se remettre fondamentalement en question ? Regardez la petite annonce de l’ENA passée presqu’inaperçue : les élèves seront incités à aller en stage dans les startup : Merci à vous jeunes padawans. Vous faites bouger les choses quoiqu’on en dise.
    Après on peut-être pour au contre la suppression de cette école. Il n’empêche que les coups de boutoirs de la jeunesse, même insultée, finissent par provoquer des petits mouvements au sein de la classe « dirigeante » remise en cause.

    b) personnellement je refuse l’antagonisme entre jeunes et vieux. Cela n’a pas beaucoup de sens. Il y a autant de parcours de vie que d’habitants sur cette planète. Ce qui change peut-être aujourd’hui c’est que la trajectoire technologique que nous suivons (qui nous est imposée ?) collectivement offre des perspectives et des possibles (mais aussi des menaces) inconnus jusqu’alors y compris pour optimiser la gestion personnelle de sa vie au quotidien. Après ce n’est pas la technologie qui fait le citoyen.

    c) Plus que jamais auparavant, nous avons probablement conscience de l’immensité de notre méconnaissance et de l’insondabilité de l’environnement qui nous entoure que ce soit du domaine de l’infiniment grand ou de l’infiniment petit. Nous n’en sommes qu’au début de nos découvertes. Et c’est là que petit ou grand, jeune ou vieux nous avons besoin de nous rassurer, de nous raccrocher à quelque chose de maitrisable. Alors à la limite va pour vieux ou jeune, va pour X, Y ou Z . Au final on s’en fout un peu voire complètement.
    L’important c’est que nous puissions chacun donner du sens à ce que nous faisons / entreprenons et que nous soyons bienheureux dans un certain équilibre, dans le respect le plus profond de soi-même et des autres.
    Tout le reste me parait littérature ou farce au choix du client.

    Si je peux enfin me permettre un conseil de vieux pas sage : continuez jeunes gens, prenez de la peine, c’est le fond qui manque le moins…
    A l’attaque et pas de quartier pour faire évoluer ce joli monde vers le meilleur quoiqu’il en coute, car c’est bien là le vrai sujet à mon humble avis.

    May the Force be with all of you.
    Philippe M.

  12. Oui Merci Nicolas !

    Moi ce qui me dérange le plus dans cette stigmatisation c’est que nous parlons de nos propres enfants, voire de nos petits-enfants ! c’est un comble. Effectivement arrêtons de mettre des barrières partout au lieu de construire en écoutant les idées des uns et des autres. Les entreprises auraient tout à y gagner : faire participer les jeunes et garder « les vieux » au lieu de les pousser dehors bien trop tôt. Le mélange et les apports de toutes les générations pourrait être très innovant.

  13. Un peu long l’article mais plein de bon sens. Ze big problème et probablement l’explication de l’engouement pour cette fausse science … c’est les Ressources Humaines. De plus en plus en peine de justifier la place « stratégique » qu’elles ont revendiquée, et pas moins feignasses que les autres fonctions quand il s’agit de réfléchir, elles ont peuplé leur agenda de pseudo problématiques (plus fumeuses les unes que les autres) qu’elles (les RH) ce sont auto-désignées comme devant les solutionner: la gestion des talents, la guerre des talents, n’importe quoi avec talent dedans, la marque employeur, les tests de personnalités et d’orientation, le enquête de satisfaction des employés, la qualité de vie au travail …

    Un DRH

  14. Bonjour Nicolas,
    merci pour cette article. Effectivement nous vivons dans une société ou le concept marketing a cannibalisé toutes les sphères y compris sociologiques ou psychologiques. Toutefois, les enjeux d’évolution de la société et plus particulièrement de l’entreprise nous forcent quand-même à déterminer les comportements de ceux qui sont nés avec le digital (à un an près je n’en fais pas partie, ce qui me place du côté obscur et j’en suis désolé) pour faire avancer les choses.

    Et votre article participe de cette analyse, j’en ai plus approis en vous lisant qu’avec tous les articles comrenant « génération Y, Millenials ou Digital Natives » dona sleur titre.

    Bravo

    1. Bonjour Alexandre,

      Le côté obscur n’est pas une question d’âge. C’est le fait de dire « oui je vois bien que le concept n’a aucun sens mais je pense qu’il en a un quand même ».

      Non, je ne trouve pas que mon article contribue à cette analyse. Mais comme je disais « si tout ce que vous avez pour appréhender le monde est un marteau, tout se met à ressembler à un clou ».

  15. Merci Nicolas, tu viens de mettre des explications et des réponses à mes interrogations, mes doutes sur ces concepts. En effet, j’identifiais les caractéristiques des différentes générations (X-Y-Z) chez des personnes d’âges très différents (jeunes et moins jeunes)… impossible de faire entrer des gens dans des cases! ce manque de cohérence s’explique donc !
    *merci*

  16. Après Michel Onfray contre la Psychanalyse, Nicolas Galita contre le concept « Y ».
    J’aime bien tes articles en tout cas, parce qu’il y a souvent des photos de Lego! Génération Y? 😉

    1. Merci Pierre-Emmanuel,

      Je n’ai jamais joué aux Lego de ma vie ;-).

      Mais dans les bases de données de photos gratuites, il y en a souvent ^^.

  17. Bonjour Nicolas,
    Tout d’abord merci pour cet article très intéressant et instructif 🙂
    Je suis étudiante en communication et je suis actuellement en 5ème année. Pour la valider je dois écrire un thèse de fin d’année sur un sujet qui me « passionne ». J’ai donc choisi la génération Y.
    Je comptais partir sur la problématique suivante : Comment la transformation digitale peut elle aider à adapter le style de management à la génération Y alors que les pratiques sont encore traditionnelles ?  »
    Mais en lisant ton article je suis complétement perdue car je suis complétement d’accord sur le fait que le concept n’existe pas et que c’est justement ce cloisonnement entre génération X et Y qui crée une frontière managériale. C’est aussi ma génération c’est pourquoi j’aimerai vraiment faire une étude réaliste et concrète.
    Aurais-tu des conseils à me donner ?
    Des bouquins à lire ?
    Par avance, merci 🙂

    1. Hello Lydia,

      Tout dépend de ce que tu veux faire. Un mémoire c’est pas vraiment censé traiter un sujet pour de vrai et on le sait tous. Donc si c’est juste pour ton mémoire, fais comme si de rien n’était ^^.

      Mais à ta place j’aurais choisi un sujet plus concret !

      Mon conseil c’est : laisse tomber ce sujet bullshit et trouve quelque chose de plus solide

  18. La génération Y n’existe pas car tous les prétendus attributs de cette génération se retrouvent dans les autres groupes y compris les seniors et les aptitudes particulières (digital native) ne sont nullement démontrés. Les comportements sociaux sont le résultat d’une exposition sociale, un senior de 55 ans freelance parisien adoptera les m^mes comportement alors qu’un jeune de 22 ans vivant dans un cadre plus impliquant ( armée, associations caritative..) développera des « attiudes diamétralement opposés à sa « typologie y ». Enfin nos travaux de recherches montrent que 65% des experts digitaux ont plus de 45 ans et que les « y ou Z » sont souvent des supers users, incompétents dés que l’on change d’outils et peu adaptables aux changement d’organisations…

  19. La génération X a tout eu ? Vous rêvez ? Le sida apparu quand on avait 18 ans et sans prévention puisque même sur les chaînes publiques on disait que c’était le cancer des homosexuels, la première guerre du Golf et des mois sans aucune annonce, pas d’Internet ni de réseaux sociaux ni de forfaits low cost. Un stage à l’étranger était réservé aux happy few et j’en passe. Pas de problème avec l’autorité !
    En revanche, je confirme qu’il est très difficile de recruter aujourd’hui un collaborateur de la jeune génération. C’ est une réalité et non une stigmatisation gratuite !

  20. Bonsoir,

    Vous utilisez souvent « au final » et « du coup ». Vous êtes un jeune. Ce n’est pas grave.

    Il y eu une cassure dans les années 80, premières années où les enfants pouvaient voir leurs parents méritants, diplômés, compétents, investis, se faire licencier sans autre motif que la performance économique de l’entreprise. Ces enfants ne pourraient plus avoir une confiance à long terme dans le monde du travail. Et puis ils n’ont que des propositions de CDD, rarement de CDI, même pour les plus diplômés. Alors, c’est tout de suite et maintenant, parce que ce que l’entreprise me promet pour demain si je suis patient, je n’y crois pas, parce que tout l’environnement me dit de ne plus y croire. Et le manager plus vieux, qui n’a pas forcément vécu de plein fouet la trahison de l’entreprise ne comprend pas ce manque d’investissement, ce manque de vison à long terme. Alors ce manager demande de l’aide pour travailler avec cet « impatient ».

  21. Bonjour Nicolas !

    Je me demandais pourquoi tu cites Youssoupha alors que lui-même paraphrase Nelson Mandela.
    Est-ce que le choix de l’auteur est une prise de position ?
    Est-ce par pur chauvinisme franco-français, refuser de citer un francophone ?
    Ou peut-être que le rappeur est plus clivant que le politicien ?
    Simplement pour le swag ?
    Ou simplement tu n’avais pas fait gaffe et c’est pas important.

    Bonne journée et vive la Génération Y !
    Damien

    1. Hello Damien,

      Ahahah, tu vas chercher trop loin, j’ai entendu Youssoupha dire ça, ça m’a marqué, j’ai cité. Lui même dit « comme disent les anciens » sans dire à qui il se réfère.

      La première fois que quelqu’un m’a dit « c’est Mandela », je me suis dit « mince Youss a abusé ». Mais en vrai c’est faux. Quand tu rentres cette phrase dans Google c’est Gandhi qui ressort. Donc je présume que Youssoupha a raison : c’est une phrase ancienne sans réel auteur.

      1. C’est comme les villes aux Cent Clochers !
        Moi je me demandais si c’était Rouen ou Caen la ville au Cent Clochers.
        Mai apparement ça serait un poème de Victor Hugo en 1831 ou une citation de Mark Twain au sujet de Montreal en 1888.
        Je ne sais pas si Mark Twain lisait Victor Hugo, je ne pense pas. En attendant, on retrouve une dizaines de boites qui revendiquent le titre poétiques.
        Ça doit être comme les entrepreneurs, les bonnes idées apparaissent à plusieurs endroits dans le monde ????

  22. Merci pour votre temps passé à cet article de 2016 que je lis seulement. Belle analyse, argumentée, fouillée, recherchée, sourcée, etc., et avec de l’humour. Ça change des « penseurs » qui se réveillent en pensant « Tiens, j’ai l’intuition indestructible que la Terre est cubique donc je vais prouver au monde que j’ai raison par tous les moyens, bouquins, conférences, blogàlacons… ». Seul bémol selon moi dans cet article : les managers ne sont pas les seuls à blâmer. Que penser de nos philolsophes, de nos intellectuelols, de nos sociololgues, de nos économixptdr, de nos journalolistes, le plus souvent incapables de fournir des arguments recevables ou d’apporter des éléments de preuve de leurs délires ? La plupart d’entre eux (Onfraymieudelafermer, Finkielcroute, Apathie-Patata, Danny Con-d’Bandit, Philippe Murène, …) semblent ne jamais avoir dépassé le stade mental de la petite-enfance, ou « tout ce que je dis doit forcément être vrai ».

  23. Ca me rappelle un sujet dans lequel j’ai répondu concernant l’astronomie.

    La personne comme toi essayait de critiquer car elle trouvait que c’était n’importe quoi ce que les gens disaient.

    Alors certes, c’est ton avis, mais je ressens beaucoup le côté déplaisant et ça ne joue pas pour toi.

    Mais concernant l’astronomie et même les sujets de génération, je n’ai aucune tendance à y croire, car je ne suis pas un moutons, je suis cartésien et croit qu’aux choses qui me parlent, et j’ai donc finis par changer d’avis.

    Dans les journaux les signes astrologiques sont de grosses conneries mais concernant le net, ça n’a jamais été aussi vrai (me concernant), de même que cette histoire de génération et pas seulement par rapport à moi, mais aussi quand je compare les attitudes des gens et que ceux-ci ne comprennent rien malgré ce que je leur dis, est quand j’ai lu les explications, il est évident que tout est lié à la génération voir aux signes.

    Bien sûr, il peut y avoir des gens qui peuvent ne pas se reconnaître complètement ou un peu.

    Mais tout ça c’est basé sur un ensemble de personne, il faudrait arrêter de le prendre personnellement comme une attaque.
    Moi perso, je prend que ce qui est juste concernant ce que je pense et là j’ai été étonné car la plupart des choses ont étés juste par rapport à ce que je pensais et voyais les choses.

    Au final, tout est relatif voir personnel, il serait tant d’accepter les avis contraires et de pas en faire une affaire personnelle voir générale.

    Les gens n’arrivent plus à s’exprimer sans traiter les gens de tous les noms, de se révolter contre tout, c’êst absurde.

    J’ai senti la nervosité dans cette article et cette tension que je ressens souvent sur le net (tout comme en vrai mais bon, un peu moins) ne s’améliore pas, j’avoue je suis moi même un rageux quand il y a des choses que j’aime…

    Mais ça ne concerne que mon avis, et j’aime pas la prétention quand il y a des gens qui croient qu’il n’y a que leur vérité qui compte (je ne parle pas forcément de ce sujet mais de façon général)…

  24. Tout ces concepts sont complètement cons et fumeux, suis même sur que vous voyez pourquoi, génération capricieuse, tout ce dont il à besoin mais éternelle insatisfait !

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